À l’heure où les camarades de Bure subissent une répression féroce…

À l’heure, aussi, où les camarades de Tarnac s’apprêtent à passer en procès (accusés principalement, rappelons-le, d’avoir participé à une action anti-nucléaire en débranchant des TGV)…

Un petit retour quelques années en arrière, en plein pic de l’accident de Fukushima, où la video suivante avait fait le tour du pays. Nous ne partageons pas l’intégralité des analyses de ce « père de famille », mais il parlait vraiment du fond du coeur… et appelait à se bouger « dès maintenant » ; c’était il y a sept ans !

Toutes nos pensées aux camarades de Bure, toutes nos pensées à celles et ceux qui sont agressés et poursuivis pour avoir tenté tenter d’arrêter ces chaudières de l’enfer et leurs déchets sans fond !

Une déclaration commune, une lettre ouverte, un épisode II !!!

Trois nouveaux documents à partager aujourd’hui :

  • La déclaration commune d’habitant.e.s de territoires en lutte, lue lors du rassemblement à la zad de Notre-Dame des Landes le 10 février. Elle fait l’objet d’un nouvel onglet sur ce blog ; https://biomassecritique.noblogs.org/deuxieme-declaration-commune/
  • Une « lettre ouverte » par des « Amis des forêts limousines », publiée récemment sur le site de la zad (ainsi qu’apparemment sur un certain nombre de sites dans des langues étrangères…). Elle est recopiée en fin de post.

L’épisode II de la lutte « La ZAD VS PELLETOX » ! Il est ici (où vous pourrez aussi retrouver l’épisode I) :

La lettre ouverte :

Lettre ouverte : contre une usine à pellets dans la montagne limousine.

vendredi 16 février 2018

Il n’y aura pas d’usine à pellets torréfiés sur la Montagne Limousine !

Invitation depuis la Montagne Limousine à tous les complices potentiels pour une défense active contre l’offensive industrielle en cours sous le masque de la “transition écologique”…

À nos chers ami-es en lutte, à Khimky, à Bure, en Islande, à Notre Dame des Landes, à Białowieża, à Durham, dans les Cévennes, dans le territoire Mi’kmaq, dans l’Amazonie, dans la forêt de Charnie, à Cambo, à Salau, dans le Val de Suza, à Dompierre, dans la Roşia Montană, à Standing Rock, à Guéret, à Atenco, dans l’Isthme de Tehuantepec, dans le Chalkidiki, à Saint Victor, sur le lac Baïkal, dans le Wallmapu (territoire Mapuche), en Guyane, à Saint-Yrieix-la-Perche, à Pyhäjoki, dans les dunes du Trégor, à Istambul, à Landivisiau, dans la Hambacher Faurst, dans la forêt de Chambaran, à Saint Victor, au Makwa Camp (Ojibwe Territories), à Loc Envel, dans le territoire K’iche, dans le delta du Niger, au Wendland, dans le Gran Chaco, à Merléac, dans le Norra Kärr Vättern, aux jardins des Lentillères, dans la Treburer Wald, à Jabiluka (Mirrar Territory), dans la Sierra Sur de Oaxaca …– et dans tous les territoires où on ne laisse plus passer l’hydre de l’industrialisation du monde,

Bonjour,

Nous vous écrivons depuis la Montagne Limousine, quelque part au centre de la France. Nous sommes aux prises avec un projet industriel d’usine à Pellets torréfiés (biomasse) qui cherche à s’implanter sur les petites communes rurales de Bugeat et Viam, dans le département de la Corrèze, dans un confin valloné de landes, de tourbières et de forêts.

Ce projet, porté par un aventurier de l’économie à courte vue*1 comme il y en a tant, a trouvé le soutien poussif d’un petit politicien local, président de Conseil Général, connu pour sa longue coopération avec les lobbys de l’agro-industrie*2. Un avis favorable suite à l’enquête publique vient donc d’être prononcé malgré de très nombreuses et argumentées contributions contre le projet. Il semble bien que les promoteurs du projet soient déterminés à passer en force. C’est une nouvelle phase de la lutte qui s’ouvre à présent et c’est le moment pour nous de faire appel à vous.

Ce projet d’usine prétend introduire en France un système de torréfaction de pellets expérimenté aux Etats-unis qui vise à produire un substitut “renouvelable” au charbon pour les grandes centrales thermiques françaises. En fait, une nouvelle et édifiante opération de “Green Washing” pour sauver le système énergivore qui nous a conduit au désastre présent en le repeignant de vert. L’ampleur du projet et les quantités astronomiques de matière végétale brute qu’il chercherait à transformer en charbon, jusqu’aux racines des arbres abattus, laisse entrevoir une désertification à grande vitesse des fragiles sols de notre Montagne.

Au cours des dernières décennies, un système d’exploitation industrielle de forêts de résineux -plantées au début du siècle- a déjà mis une partie des sols pauvres de notre région à rude épreuve : sur-mécanisation, coupes rases systématiques, désouchages, engrais, insecticides, lessivages des sols à nu par les pluies abondantes. Alors que la catastrophe des ces méthodes d’exploitation brutales commence à crever les yeux, ce projet d’usine intervient comme une prime à la poursuite de cette logique suicidaire.

Le développement de l’énergie “biomasse”, ici comme ailleurs, cherche à mettre “au travail” la forêt dans son ensemble et c’est aussi aux belles forêts de feuillus du plateau que ce monstre glouton veut commencer à s’attaquer. Ces forêts mixtes qui avaient repoussé naturellement et en désordre sur les terres abandonnées par l’exode rural dans ce pays de landes, de tourbière et d’élevage, font aujourd’hui l’objet de tous les calculs.

Pour nous qui parlons ici il ne s’agit pas juste d’un problème d’usage des ressources, ou de préservation de notre “cadre de vie” particulier, mais d’une lutte pour affirmer une autre relation à un monde dont nous ne sommes, en tant qu’espèce, qu’une petite fraction. Comme beaucoup d’entre vous, nous avons décidé de tourner le dos à cette course frénétique de l’espèce vers sa propre destruction. Le destin funeste de cette forme là de l’humanité n’est pas le nôtre. Nous, terriens parmi la diversité des terriens, voulons emprunter un chemin inverse et défendre ce qui rend la vie possible. C’est la nature même qui nous pousse, par la violence de ses “réactions” (dont nous n’avons encore rien vu), a ne plus rien laisser passer de ce qui ajoute au pillage généralisé.

Les luttes que vous avez menées, d’un bout à l’autre du globe ces dernières années, nous ont grandement inspiré. Nous voudrions aujourd’hui contribuer à l’effort nécéssaire de nous organiser à une échelle au moins européenne face à des projets qui, sous leur diversité apparente, sont autant de manifestations de la même vieille logique extractiviste même quand elle se drape par endroit dans l’alibi moral de la “transition écologique”… nous avons tant à partager de nos analyses, de nos histoires, des stratégies et des techniques qui ont permi parfois de rencontrer la victoire.

Nous vous invitons à venir nous rendre visite, à nous prêter main forte à l’occasion, à nous apporter votre soutien de quelque façon qui vous semblera juste, cela dès aujourd’hui et dans les semaines et les mois qui viennent qui seront décisives pour enterrer définitivement ce projet d’usine. Un grand merci à vous toutes et tous et à très bientôt nous espérons.

Des amis de la forêt Limousine.

amisdelaforet[at]riseup.net

*1 M. Gaudriot dirigeant des sociétés CARBON’ INGEN’R BUGEAT-VIAM et SOMIVAL *2 M. Coste, président du Conseil Général de la Corrèze

Rien n’a changé… mais tout commence ?

On dirait que la réponse positive du commissaire dans l’enquête publique ne décourage personne.

On continue à recevoir des nouvelles et des infos des un.e.s et des autres. On peut par exemple relayer cette collection de mots lus ou entendus contre l’usine à pellets :

Paroles

On peut aussi mentionner l’improbable video de “teaser” qui circule : une histoire de dragon mangeur de bois qui rôdait vers Viam-Bugeat et qui aurait été téléporté à Notre-Dame des Landes en vue de l’achever au rassemblement du 10 février.

C’est ici :

ou ici :

Au sujet de la zad de NDDL, il y a aussi ce joli texte pour ne jamais lâcher ce petit bout de terre immense :

https://lundi.am/Et-dans-dix-ans-la-Zad-sera-toujours-la